• Avis sur le livre de Max Monnehay - Corpus Christine

     

    On nous aurait dit que ce roman avait été écrit par Amélie Nothomb, nous ne n'y aurions vu que du feu, tant Max Monnehay présente dans son style des points communs indéniables avec la dame aux chapeaux : des incipits décalés ("la vie en position horizontale était la seule supportable mais s'avérait souvent compliquée"), un cynisme à toute épreuve ("ce que je vis était énorme. C'était ma femme."), un scénario abracadabrantesque (un homme se trouve être séquestré par sa femme sans raison apparente), une thématique autour de la beauté/laideur...
    Assurément, si l'auteur de Hygiène de l'Assassin voudrait prendre sa retraite, la relève est déjà prête !
    Ce premier roman a été l'un des extraterrestres de la rentrée littéraire 2006. Max Monnehay y livre déjà sa personnalité. Comme Amélie, elle profite de l'écriture pour se livrer à l'exercice de la critique philosophique, non sans humour : "on s'emplit pour mieux se vendre. On ne nourrit pour avoir l'air vivant, à peu près, comme on engrange des floppées de pensées pas de nous, comme on se gave à l'entonnoir de la culture afin de présenter à la table du souper un foie, gras à souhait".
    Il n'y a pas à dire, elle maîtrise la langue française, Max ! "Les mots réduisent tout, ils sont l'état toujours plus solide d'une pensée toujours plus liquide".
    Malheureusement, comme Amélie, Max semble manquer d'inspiration pour la fin : si tout le roman nous tient en haleine dans un huis-clos étouffant, les derniers chapitres restent décevants, laissant le lecteur avec des questions.
    "La contrefaçon exige de connaître la composition de l'article original" écrit-elle. Corpus Christine, bonne ou mauvaise contrefaçon de Les Catalinaires, et autres Mercure, Antechrista ?

    [Références]
    Max Monnehay - Corpus Christine - Albin Michel 2006 - 228pages 15 €