• Lecture de : Dictionnaire égoïste de la littérature française, de Charles Dantzig

     

    Tu as connu, le Petit livre rouge, une multitude de Livres blancs, quelques Livres noirs : voici aujourd’hui Le gros livre bleu. Car, contre l’avis de ton compte en banque, tu continues d’en acheter, des livres ; et, pour 28,50 euros, tu as eu le Dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig, ce qui est à la fois cher et bon marché, moins par un obscur calcul de tu ne sais quel rapport qualité-prix, mais par le fait que tu disposes d’un seul coup de près de mille pages qui parlent plutôt bien de ce qui est l’aliment principal de ta névrose de littérature.

    En plus, c’est un vrai dictionnaire, avec entrées classées par ordre alphabétique, ce qui, disait Roland Barthes, dispense (à la fois l’auteur et le lecteur) de l’effort de construction, et, pour le lecteur, facilite une sorte de zapping (voir justement l’entrée à ce mot dans le Dantzig : « Le zapping a ceci de très commode qu’il permet de sauter ce qui déplaît. En livres, cela se dit : parcourir. » (page 954). Jules Renard décrivait cela plus joliment encore dans son Journal (une autre entrée du dictionnaire) en disant : « J’aime lire comme les poules boivent : en secouant la tête pour faire couler » (tu cites de mémoire, comme dirait Charles Dantzig, ayant perdu le volume du Journal où tu pourrais vérifier la chose).