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Vikings, la saga Ragnarr Lodbrok
Ragnarr, le Viking dans toute sa gloire, aventurier téméraire et guerrier ombrageux, sillonne les mers en quête d’exploits. Mais lorsqu’il s’élance à la conquête de l’Angleterre, il affronte un sort funeste. Précipité dans une fosse à serpents, il y déclame, agonisant, un farouche chant funèbre. Ce sera là, dit-on, la raison de l’invasion de l’Angleterre par les hordes du Nord, où les fils de Ragnarr tireront vengeance du roi son meurtrier en lui infligeant le terrible supplice de « l’aigle de sang ».
Mais cette légende est d’abord née du souvenir magnifié des grandes expéditions vikings historiques et, diffusée partout dans le Nord, elle a trouvé ses lettres de noblesse dans le Chant de Kráka, ou Krákumál, authentique chef-d’œuvre de la poésie scaldique, selon le livre de Régis Boyer Les Vikings : Histoire et civilisation,
En ce temps-là, Sigurðr l’Anneau* régnait sur le Danemark. C’était un roi puissant, célèbre pour la bataille qu’il avait livrée contre Haraldr Dent de Guerre** aux Brávellir***. Haraldr avait péri face à lui, comme on le sait dans toute la moitié nord du monde. Sigurðr avait un fils qui s’appelait Ragnarr. Il était grand et avait fière allure, l’esprit vif, et il était généreux envers ses hommes mais dur envers ses ennemis. Dès qu’il fut en âge de le faire, il leva des troupes et réunit des navires, et il devint un si grand guerrier qu’on avait peine à trouver son pareil.
Il apprit ce que le jarl Herruðr avait promis mais, n’y prêtant pas attention, il fit comme si de rien n’était. Il se fit faire des vêtements hors du commun, des braies et un manteau velus, et quand ils furent terminés, il les fit bouillir dans la poix. Puis il les conserva soigneusement.